Parution Ouest France Entreprise
Publié le 30/03/2014 à 16:49

À Yffiniac (22), dans cette entreprise de chaudronnerie, le patron a soigné le confort sonore de ses salariés. Un investissement gagnant pour tout le monde.
Quelle étonnante impression reste en mémoire, après avoir visité Pactisoud (1), spécialiste du sur-mesure dans la chaudronnerie inox pour l’agro-alimentaire.
L’atelier est baigné de lumière naturelle. Mais le plus frappant est sûrement le son. Si le travail de l’inox engendre fatalement du bruit, on est loin ici du vacarme qui accompagne le plus souvent cette activité. Sous la tôle du toit, un faux plafond doublé d’un isolant, absorbe les bruits comme une éponge. Inattendu dans un atelier de chaudronnerie, où résonnent généralement des bruits qui rudoient les oreilles.
Une surdité professionnelle coûte cher
Pactisoud, une entreprise exemplaire, saluée jeudi par une délégation de chefs d’entreprise qui y ont glané des idées pour améliorer l’acoustique dans leurs propres ateliers. Cette visite a été voulue par l’Agence de développement économique, la médecine du travail et la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat), pour sensibiliser les entreprises aux problèmes de bruit.
Les pathologies liées à un excès de bruit sont un des problèmes majeurs rencontrés dans le cadre des maladies professionnelles. C’est vrai dans l’agroalimentaire, la métallurgie, le bâtiment, l’industrie du bois, ou même le tertiaire, avec les open-spaces, ces espaces de travail où les bureaux ne sont pas séparés par des cloisons.
« Le coût d’un salarié qui devient sourd pour des raisons professionnelles, c’est entre 80 000 et 120 000 €. Il est préférable d’améliorer les conditions d’acoustique dans les entreprises », observe Thierry Palka, ingénieur à la Carsat.
À Pactisoud, Alain Panhalleux s’est préoccupé du bruit dans ses ateliers quand il a construit son deuxième bâtiment, en 2005. « Nous avons particulièrement soigné l’acoustique, le thermique, la lumière et la sécurité dans l’atelier neuf et dans le bâtiment existant. »
Pour faire les bons choix, il a été accompagné par Pierre-Yves Le Bris, contrôleur de sécurité à la Carsat. Ce dernier applaudit la démarche volontariste de l’entrepreneur : « Je ne connais pas d’autre entreprise de chaudronnerie en Bretagne qui se soit autant préoccupée de ces questions. Un exemple : ayant ouvert des fenêtres dans le toit, il a réglé la question des zones d’ombre dans le travail de précision. »
Moins stressant
Mieux équiper son atelier à l’exemple de Pactisoud, « c’est un surcoût de 5 à 6 %, mais il y a des retours intéressants », explique Pierre-Yves Le Bris. « Nous avons vu un net avantage psychologique. C’est moins stressant », apprécie Alain Panhalleux. Pourquoi a-t-il tant pris soin des conditions de travail de ses salariés ? «
Ce n’est pas facile d’attirer des jeunes dans les métiers manuels,
autant leur offrir des conditions qui leur donnent envie de venir chez
nous. C’est ma philosophie. »
(1) 22 salariés, 2,6 millions d’euros de chiffre d’affaires.